Author: Rémy Louvel
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Languages : fr
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Book Description
La surdité asymétrique ou unilatérale touche environ 1% de la population adulte et représente un vrai challenge pour la réhabilitation auditive. C'est l'absence de binauralité qui est la principale source de mal être et d'exclusion des patients souffrant de surdité asymétrique qui décrivent une majoration des difficultés d'écoute, notamment dans le bruit, et de localisation des sons, à l'origine de stratégies d'évitement nuisant à leur qualité de vie.Les dispositifs d'appareillage de routage controlatéral du signal (CRÛS) ou à conduction osseuse semblent améliorer la qualité de vie de ces patients mais sans pour autant rétablir la binauralité contrairement à l'implant cochléaire.Depuis plusieurs années maintenant, les indications de l'implant cochléaire évoluent en dehors des critères HAS fixés en 2012, comme nous avons pu le constater avec l'élargissement des indications aux patients souffrant d'acouphènes invalidants depuis septembre 2021.Dans cette optique, nous avons choisi de réaliser une étude rétrospective des patients implantés dans notre service entre 2011 et 2018 dans le cadre de surdité unilatérale ou asymétrique et d'évaluer le port de l'implant à moyen terme.L'objectif principal était d'évaluer si les patients portaient bien leur implant de façon quotidienne à 1 an, 3 ans et 5 ans après implantation, et dans un deuxième temps d'identifier les facteurs pouvant influencer l'abandon de l'implant.Tous les patients étaient évalués avant et après l'implantation sur des critères audiométriques purs (seuil auditif, intelligibilité au casque et en champ libre, en condition monaurale oreille implantée ou acoustique et en condition binaurale, dans le silence et dans le bruit) et sur des critères subjectifs de qualité de vie avec le score APHAB. Enfin nous avons recueilli le port de l'implant et contacté les patients qui avaient choisi d'abandonner leur implant.Parmi les 72 patients implantés, nous avions 66 patients avec une surdité asymétrique et 6 patients avec surdité unilatérale. Seuls 5 patients ont choisi d'arrêter de porter leur implant, 4 d'entre eux avaient une audition normale ou subnormale en controlatéral sans nécessité d'appareillage auditif ; leur niveau socio culturel était par ailleurs moins élevé que les utilisateurs. La principale raison de leur abandon était une absence de bénéfice subjectif de l'implant souvent par discordance entre leurs attentes hautes et les performances réelles fournies par l'implant.En accord avec les différents articles parus récemment sur ce sujet, il semblerait que l'implant cochléaire apporte un réel bénéfice chez ces patients mais l'enjeu majeur reste de démasquer les patients à risque d'abandon en assurant un conseil pré-implantation fidèle quant aux bénéfices attendus de l'implant, idéalement après leur avoir proposé un appareillage de routage controlatéral du signal type CROS ou à conduction osseuse. Enfin, la rééducation orthophonique post opératoire joue un rôle majeur dans l'accompagnement et l'optimisation de l'implant afin d'assurer un port régulier.