Violences conjugales. L'enfant témoin féminicide spécificités cliniques et problématiques pédopsychiatriques à propos de 5 enfants

Violences conjugales. L'enfant témoin féminicide spécificités cliniques et problématiques pédopsychiatriques à propos de 5 enfants PDF Author: David Martinez
Publisher:
ISBN:
Category :
Languages : fr
Pages : 55

Get Book Here

Book Description
INTRODUCTION En France, une femme meurt tous les trois jours dans un contexte de violence conjugale. Environ 150 enfants par an sont orphelins de mère et/ou de père suite à ces situations de violence conjugale extrême, dans près de la moitié des cas l'enfant a assisté à la scène d'homicide. Le devenir et la prise en charge de ces enfants ont fait l'objet de peu d'études jusqu'à maintenant. Pourtant, lorsqu'un parent tue l'autre parent, d'autant plus si l'enfant est témoin oculaire direct, il doit faire face à une multitude de traumatismes et de pertes qui touchent ses figures d'attachement et son environnement immédiat. Ce traumatisme complexe l'expose à un risque majeur de complications psychopathologiques et développementales. L'objectif de ce travail est d'essayer de relever les spécificités cliniques et les problématiques particulières à ces situations à travers l'observation de,cinq enfants pris en charge dans notre service. MATERIEL ET METHODE Il s'agit d'une étude purement observationnelle de cinq patients dans le cadre du premier protocole en France d'hospitalisation systématique de tout enfant témoin de féminicide (ou homicide conjugal) qui a débuté en février 2015 au sein du Centre Hospitalier Intercommunal Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois. Le protocole est issu d'une réflexion pluridisciplinaire en partenariat avec l'Observatoire des Violences envers les femmes, Le Parquet de Bobigny, les services de l'Aide Sociale à l'Enfance de Seine-Saint Denis, le Tribunal pour enfants de Bobigny et le Centre du psychotrauma de l'Institut de victimologie de Paris. RESULTATS Nous rapportons les cas d'une fratrie (âgés respectivement de 5 ans, 3 ans %, 2 ans %) et d'un enfant de 3 ans hospitalisés dans le cadre du protocole, et d'une enfant de 14 mois qui n'était pas présente au domicile au moment des faits qui a été reçue en consultations hors protocole. DISCUSSION : On distingue plusieurs types de traumatismes spécifiques selon que l'enfant a été témoin oculaire direct ou non de l'homicide de son parent. Les effets et le mode d'expression du traumatisme dépendent de la nature de l'événement, du stade développemental de l'enfant, de son histoire précoce, des effets du traumatisme sur les substituts parentaux en lien avec leur propre histoire traumatique ainsi que de l'effet du traumatisme sur les professionnels. Des repères théoriques spécifiques et des outils diagnostiques et thérapeutiques adaptés sont un préalable nécessaire à la prise en charge de ces enfants. Notamment des connaissances spécifiques dans le psychotrauma du bébé et du jeune enfant sont indispensables. CONCLUSION : Être témoin de féminicide dans le contexte de violence intrafamiliale doit être considéré comme le traumatisme le plus grave pour un enfant. Il est exposé à un risque de complications psychopathologiques et développementales majeur, d'autant plus que, sans prise en charge adaptée, le soutien familial et professionnel dysfonctionne fréquemment, aggravant les effets du traumatisme et l'exposant à un risque de ruptures supplémentaires aux conséquences dramatiques. Le pédopsychiatre a une triple mission d'évaluation, d'enveloppe pour les différents sujets touchés par lè traumatisme (enfants, proches, professionnels) dans le chaos qui suit le drame, et de thérapeute pour l'enfant en lien avec ses substituts parentaux.